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#141 24-08-2023 20:16:19

Cachalot93
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Re : Quels sont les films que vous aimez ?

Monsieur ADN a écrit :

Je les revus tous plus récemment et avec le recul et mes connaissances d'adulte, faut admettre que la rivalité d'un curé anticommuniste avec le maire communiste du village où il officie représente quelque chose d'assez satirique.

L'auteur Giovanni Guareschi était très anti-communiste, il s'en est donné à cœur joie de grossir le trait des communistes italiens de l'époque wink.

don-camillo-peppone.gif

Monsieur ADN a écrit :

J'ai beaucoup aimé celui où il va en Russie avec le maire. Le premier ne cesse d'avertir sur tout ce qui ne va pas sur place et le second se laisse complètement aveuglé par l'image d'Epinal qu'il se fait de l'URSS.  big_smile

Avec les deux fausses russes, quand il leur sort "Cessez vos mensonges sur votre Russie, moi je veux encore croire à la mienne !" big_smile.

Justement, celui-là n'est certes pas le meilleur mais il est un peu plus profond qu'il en a l'air. Finalement, il relativise pas mal sur l'horreur soviétique, il y a encore des croyants qui veulent vivre leur foi comme en Italie et les Soviétiques du petit peuple sont présentés comme des braves personnes comme de n'importe où ailleurs*. Au point que ça se finit quasiment sur un truc farfelu avec l'hospitalisation de Peppone parce que les mecs ont dû se dire "Ouais, on a trop nuancé là !".

https://www.youtube.com/watch?v=oylIE2pbWYw

Au-delà de l'Italie et de l'époque, j'aime surtout l'humanité des personnages, ils sont rivaux et complètement différents au point de tout le temps se disputer sur à peu près tout mais ils ne peuvent pas s'empêcher de s'aider et de s'élever l'un l'autre quand même. Ce sont des caricatures certes (encore que, par rapport à ce qu'on fait aujourd'hui dans le cinéma français populaire...) mais ils restent avant tout des humains et les films sont attachants parce qu'en jouant sur les deux tableaux, t'as certes de la comédie mais ça n'oublie pas l'émotion (et ça marche souvent très bien dans ces films).

Par exemple, ma scène préférée de la saga - et une de mes scènes préférées de films tout court d'ailleurs -, c'est à la fin du troisième (mon préféré de la saga) quand Peppone part pour Rome après avoir gagné l'élection, en traversant Brescello et se rend compte de tout ce qu'il va laisser derrière lui dans sa quête d'avancement politique. Jusqu'à ce que Don Camillo le rejoigne à la gare suivante et lui fasse un beau discours sur le fait que quitter le pays va le changer et lui faire perdre tout ce qu'il est.

La-scena-finale-del-film-%E2%80%9CDon-Camillo-e-l%E2%80%99onorevole-Peppone%E2%80%9D1955-.jpg

https://www.youtube.com/watch?v=hFTkonaU1_I

C'est un équilibre comédie/émotion qu'on a pas mal perdu avec le temps dans les films français, je trouve (au moins dans les années 60-70), pour aller uniquement dans l'extrême efficacité comique. J'aime beaucoup les films de Louis de Funès mais on y retrouve beaucoup moins le sens de l'émotion, sacrifiée sur l'autel du timing et des gags. La caricature prend très (trop ?) souvent le pas sur les personnages funésiens. Les seules fois où il y a eu de l'émotion avec De Funès, soit c'est le scénariste qui l'a voulu soit De Funès a eu énormément de mal à l'imposer (le plus flagrant est dans La Soupe aux Choux où entre De Funès qui voulait faire dans l'émotion et Girault qui voulait toujours plus de gags, on sent bien qu'il y a deux chevaux attelés à la même carriole). Mais bon, là, on entre dans les débats franco-français qui fâchent sur les films funésiens donc je ne vais pas aller plus loin sur De Funès.

Et puis la musique de Cicognini qui est juste magnifique dans ces films.

https://www.youtube.com/watch?v=t79RiOaLQNU&list=PLxt2Lz8nUabkKvNaZIqOwXgekLKJYMrSA&index=11

Pour l'anecdote, il devait y avoir un sixième et dernier film de la série. Ils ont commencé le tournage et ont dû l'arrêter à peu près au milieu, lorsque la fatigue de Fernandel est devenue trop forte. Ils ont cesser le tournage à Brescello début août 1970 pour que Fernandel aille se reposer du coté de Marseille. Pendant un bon moment, Fernandel a cru qu'il allait pouvoir reprendre le tournage l'année suivante (il ignorait la gravité de son état mais je n'entre pas dans le détail) mais il est finalement mort avant que le film ait pu reprendre, laissant fatalement celui-ci inachevé.

Si le réalisateur, Gino Cervi et une grande partie de l'équipe du film ne sont pas revenus, c'est par respect pour Fernandel... mais les producteurs, eux, ne voulaient pas perdre d'argent et ont donc recommencé le tournage à zéro pour sortir quand même le film.

18456456.jpg

Je n'aime pas trop ce film. Sans Fernandel et Gino Cervi, c'est un peu :

don-camillo-peppone.gif

Mais pour avoir lu le livre, je ne pense pas que le scénario de la version avec Fernandel aurait été tellement différent.


* C'est peut-être une chose qui joue contre le film mais que je trouve intéressante. La saga Don Camillo est très liée au contexte historique de son époque (les années d'après-guerre, le communisme très puissant d'alors en Italie et en France, la Guerre Froide, etc). Du coup, fatalement les films vieillissent et ne sont pas forcément accessibles si on a pas le "bagage culturel". Les craintes de Don Camillo et le parcours dans Don Camillo en Russie, c'est ça. Ca commence directement par parler de la détente du milieu des années 60 entre les USA et l'URSS.

À contrario, Le Gendarme à New York qui sort à peine un mois et demi plus tard que Don Camillo en Russie fait le choix complètement inverse et évacue tout traitement du contexte et de l'Amérique d'alors. Girault montre les gratte-ciels, les références ciné, les quartiers de NY, etc. Mais pas de mise en contexte plus que ça (t'as la télé des années 60, les tenues des années 60, le France mais c'est tout, on ne dit même pas qui est président des USA à ce moment-là ou ce qu'il se passe en Amérique). Ca se contente de tout un tas de choses qui reste plus ou moins l'image d'Épinal des États-Unis encore aujourd'hui.

Le second est facile d'accès sur les États-Unis (pas de prétention dans ce que je dis, qu'on ne se méprenne pas) alors que le premier demande plus de connaissances sur le contexte de l'époque pour être encore vu.

Même si Don Camillo en Russie est meilleur que Le Gendarme à New York.

Dernière modification par Cachalot93 (24-08-2023 21:14:30)

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