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#1 26-12-2020 00:11:43

Zizizaurus
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Franchise Ju-On

Parmi les nombreuses sagas qui côtoient fièrement Jurassic Park dans mon coeur, plusieurs d'entre-elles appartiennent au genre (à la vague, devrais-je dire) du cinéma d'horreur japonais. Vague initiée via la littérature par l'excellent livre Ringu (dont j'ai récemment terminé la trilogie, qui se clôture par Double Hélice, bien que d'autres suites du même auteur ont suivi) puis au cinéma par l'adaptation de ce même livre en 1998 par Hideo Nakata. Une saga qui aura posé les bases du genre et que j'affectionne au moins autant que celle dont je vais parler dans ce topic.


Car s'il y a une franchise J-horror qui pour moi rivalise avec les histoires vengeresques de Sadako, c'est bien sûr celle qui met en scène sa rivale : Kayako. Je veux bien sûr parler de la franchise Ju-On, plus connue chez nous sous le nom de The Grudge, depuis le sortie du remake américain.

Ju-On, c'est une franchise qui a débuté par deux court-métrages tous deux réalisés par un jeune metteur en scène japonais : Takashi Shimizu. Ces deux court-métrages de moins de 5 minutes, tournés en une journée et avec trois fois rien niveaux budget (juste une camescope, deux-trois acteurs, et du maquillage bon-marchés) se nomment Katasuni et 4444444444, aussi appelés respectivement In the Corner et Ten Fours. Ils font en réalité parti d'une plus longue anthologie de court-métrages japonais centrés sur la peur et sur le lycée, et formant un téléfilm très cheap nommé Gakkô no kaidan G ce qui peut se traduire par "Histoire de fantômes à l'école" avec le G voulant simplement dire "Great".

(tout cela est trouvable sur youtube avec sous-titres anglais pour ceux que cela intéresse)

Ces deux court-métrages introduisent respectivement les revenants Kayako (dans Katasuni) et Toshio (dans 4444444444) qui seront vite présentés comme mère et fils dans la saga bien qu'ils ne sont pas encore nommés ici. Ceux-ci sont typiquement des Yurei
c'est à dire des fantômes vengeurs japonais, revenus comme manifestation, si l'on puis dire, de la rancoeur ressentie suite aux circonstances tragiques de leur trépas. Kayako, qui suit de près les traces de sa grande soeur Sadako, en constitue une sous-catégorie particulière, une onryô, ou femme-fantôme. Le genre de la J-horror présentera en grande majorité des Onryö, bien que le folklore des légendes urbaines qui l'inspire comporte aussi ses représentants masculins et des enfants comme Toshio.

Cela peut surprendre, vu la faible durée et le manque de budget de ces deux créations (leur donnant un côté très amateur qui pedurera dans les deux premiers longs métrages suivants), mais nos deux Yureis comportent déjà les principales caractéristiques qui les rendront si reconnaissables dans la saga, et ce malgré le fait qu'ils n'aient pas encore d'histoire.

Pour Kayako, on a donc une femme vétue de blanc (classique chez les Onryos), à la peau blanchâtre voire grise, rempant au sol sur ses quatre membres lui donnant une allure insectoïde. Son expression faciale figée dans une mélange d'émotions comme la colère, la terreur et la tristesse font déjà froid dans le dos, et son bruit gutural émis du fond de sa gorge, peut-être sa signature la plus marquante et la plus connue, est déjà entendue. Ce "death rattle" comme il est parfois appelé, sera expliqué plus tard dans la franchise.

Pour Toshio, petit garçon torse nu, entièrement blanc, tel un personnage de film en noir et blanc qui se serait retrouvé dans un monde en couleur, on retrouve déjà sa posture accroupie rappelant une créature du tableau Le Cauchemar, les mains grattant frénétiquement ses genoux comme s'ils étaient douloureux. Bien que son chat noir n'est pas encore vu, Toshio miaule déjà, ce qui trouble son interlocuteur qui ne s'attend pas à entendre un bruit de chat au bout du fil après avoir trouvé un téléphone par terre. Un téléphone dont le seul appel affiche le numéro qui donne son nom au film. Pour info, "4" en Japonais se prononce comme "Shi" (=la mort), ce qui fait que ce chiffre porte malheur au Japon.

En plus d'avoir le même réalisateur que les films suivant, le film en partage aussi le même casting. Cela inclue Takako Fuji, interprête indétrônable de Kayako qui lui donnera ses mouvements désarticulés, son expression inssoutenable et terrifiante et plus tard son bruit de gorge (bruit qui était d'abord effectué par Takashi Shimizu lui-même au début). Toshio, lui, conservera le même acteur dans les prochains films, puis sera remplacé par d'autres enfants par la suite (car ils grandissent !).

Tout cela sera suivi par deux téléfilms tournés avec trois francs six sous nommés Ju-On et Ju-On 2 (en Occident : Ju On The Curse 1 et 2) en 2000. Prévus pour le marché de la vidéo (on parlait de v-cinéma) ces deux longs métrages poursuivent le mythe et établissent la structure si particulière de la saga : la narration divisée en vignettes, dans un ordre non-chronologique. Ainsi, chaque chapitre s’ouvre par un titre sur un écran noir (qui est généralement le nom du personnage qui sera mis en avant) et se termine presque systématiquement sur un évènement tragique. Cette formule, qui différencie Ju-On d’autres films d’épouvante japonais à la narration linéaire comme Carved et autres Cure, est loin d’être anodine car elle participe grandement à l’une des peurs sur lesquelles se basent le plus la J-horror : celle de ne pas avoir le contrôle, celle d’être en terrain inconnu, chamboulé dans ses attentes. En outre, elle requière la participation du spectateur dont c’est le travail de recoller le morceaux dans le bon ordre, d’assembler les pièces du puzzle. Chaque film se présente ainsi comme une sorte de jeu et plusieurs visionnages sont souvent nécessaires (surtout pour ces deux-là) afin bien comprendre la chronologie des évènements. Bien malin, Takashi Shimizu nous laisse des indices plus ou moins discrets, dissimulés ici et là, qui demandent donc d’être attentifs. Un vrai jeu de piste qui, selon moi, rend cette saga assez unique dans le paysage horrifique. Une structure qui inspirera notamment cette “suite spirituelle” (plagiat diront les mauvaises langues, mais je ne suis pas d’accord) appelée Ju-Rei, qui, de son côté proposera une narration chapitrée mais avec une chronologie inversée (le premier chapitre montré se passe en dernier, le suivant juste avant, etc, jusqu’au dernier qui est donc le début). Un peu à la manière de Christopher Nolan et de son Memento.

    Bien que n’étant pas prévus pour ce format à la base, ces deux longs métrages connaitront un tel succès qu’ils auront droit à une sortie ciné (limitée, cependant) au Japon. Mais qu’est-ce qui différencie déjà cette franchise des nombreux plagiats et petits frères de Ring alors en déferlement depuis 1998 ? Qu’est-ce qu’elle a de plus que le reste. Eh bien, c’est assez subjectif, mais je dirais que le principal point fort et la maîtrise avec laquelle la mise en scène installe la peur et le surnaturel s’imissant dans le quotidien. Définition même du fantastique, et carte maîtresse de la J-horror, c’est une totale réussite à ce niveau-là. Un sens du rythme et du dosage quasiment irréprochable laisse juste ce qu’il faut place à notre imagination (on ne voit pas, on n’est pas laissé dans le vide, on entrevoit) et, malgré le découpage en plusieurs petits court-métrages, le sentiment d’être “hanté” est constant, notamment grâce à une bande-son hypnotisante. Les objets du quotidien ne sont plus des outils mais une source de danger, et aucun personnage de peut espérer retrouver le répis une fois ciblé par la malédiction. Dès ces deux téléfilms, l’aspect éternel de la hantise de Kayako et Toshio est palpable. Une fois que vous avez pénétré dans la maison du drame, plus aucun avenir radieux n’est envisageable. Je vais garder la deuxième raison à laquelle, selon moi, la saga garde sa force, pour plus tard, mais toujours est-il que Ju-On 1 et 2 sont à mes yeux les deux films les plus terrifiants de la franchise. Et ce grâce à leur charme amateur et fauché qui donne leur un réalisme documentaire. Tel un film en found-footage, on a l’impression de tomber sur les archives de films familiaux tournés avec un camescope par le père. Une formule très utilisée dans le cinéma d’épouvante en found footage dont les exemples les plus connus sont surement Le Projet Blair-Witch, Cannibal Holocaust, Rec, The Bay ou encore les films de Kōji Shiraishi  (Noroi The Curse, Occul et Cult) pour ne pas trop s’éloigner de l’Est.

    Il convient de noter que quand je parle de deux téléfilms, je devrais en fait dire 1,5 téléfilms. En effet les 30 premières minutes de Ju-On 1 sont les 30 dernières de Ju-On 2, avec quelques modifications dans le montage et quelques informations en plus. Ju-On 2 ne comporte donc véritablement qu’une quarantaine de minutes inédites, ce qui pourrait dérouter les spectateurs qui n’auraient pas été prévenues de cette petite supercherie. Il y a fort à parier qu’il s’agit d’une démarche marketing, sortir 2 films rapportant surement davantage qu’un seul. J’ai une théorie ne se basant sur aucune source, mais j’aime bien : il n’est pas impossible qu’un seul long métrage était prévu à la base, mais que le résultat était final était trop long pour l’un et trop court pour deux. D’où cette division un peu étrange pour le marché de la vidéo et la télévision. Je ne connais pas bien les standards et les conventions pour la durée des films destinés à la télévision japonaise, mais cette théorie me semble plausible tout en étant tout à fait contestable. Je tiens à dire néanmoins que la seconde partie de Ju-On 2 est comporte des scènes parmi les plus surprenantes de la saga.

Je ne sais pas si ces deux volets ont eu droit à une VF, ni même des sous-titres en français. Je les ai pour ma part visionnés sur youtube en Japonais sous-titré anglais.

    Naturellement, ce coup de maître sera suivi d’un troisième long métrage, en 2002, nommé Ju-On The Grudge. Pensé pour le cinéma cette fois et avec un budget plus confortable, on retrouve toujours Takashi Shimizu aux commandes et avec Takako Fuji dans le rôle de Kayako Saeki. Surement la plus connue des version japonaises, c’est le film qui est souvent comparé à Ring. Contrairement à ce que beaucoup pensent, il ne s’agit pas d’un remake du premier volet mais belle et bien d’une suite (donc du troisième épisode). C’est pourquoi l’histoire de Kayako et Toshio n’y est que brièvement rappelé (en omettant de nombreux éléments) et que les scènes sont inédites, à l’exception de la célèbre scène des escaliers, véritables gimmic de la saga. Scène que j’aime surnommer le Spider Crawl, tant la démarche de Kayako rappelle celle d’une araignée. Une scène qui trouve peut-être ici sa version la plus marquante et la plus contemplative et qui inspirera certains fantômes des (excellents) jeux vidéo Kuon et Project Zero 3.
Plus accessible et compréhensible que les deux premiers téléfilms (il faut tout de même s’accrocher pour vraiment cerner l’ordre chronologique et je pense qu’un seul visionnage ne suffit pas à cerner tous les détails), Ju On The Grudge est aussi ce qu’on pourrait une leçon de mise en scène en terme d’épouvante. Son montage diablement efficace donne des frissons et chaque vignette est marquante (c’est d’ailleurs l’opus qui regroupe la plupart des scènes les plus cultes de la franchise, souvent reprises dans les divers reboots qui suivront). Plus aucun lieu n’est sûr, ni votre salle de bain, ni votre lit. Si le film perd un peu du charme amateur des précédents opus, selon moi, il reste néanmoins dans la lignée de ses congénaires avec une image peu travaillée en lumière douce, presque naturel, une bande-son efficace mais discrète renforçant le réalisme du titre (car oui, dans la vraie vie, on est rarement accompagné d’un orchestre jouant de la musique pour essayer de nous faire peur). Des critères qui caractérisent le mouvement de la J-horror en général, et qui ici se vérifient sans exception. Le tout est saupoudré d’un thème principal mélancolique, joué au piano, nous rappelant que toute histoire de fantôme est avant tout une histoire triste. Les chapitres s’enchaînent jusqu’à un final larmoyant, à la fois étrange et dramatique, où on ne sait presque plus quoi ressentir. Un savoureux mélange émotionnel que ne reniait déjà pas Ring ou encore les jeux vidéo Silent Hill et Project Zero. J’en entends beaucoup dire que Ju-On The Grudge est le film le plus effrayant qu’ils aient vus, et même si je mets des réserves car il a de sérieux concurrants, c’est une affirmation que je comprend parfaitement.

    La machine étant lancée, Kayako revient dès 2003 pour un Ju On The Grudge 2 (donc le quatrième opus en réalité, vous suivez ?). Un film au rythme plus rapide, un peu plus frontal et violent que son prédécesseur, mais fait avec la même équipe et gardant ainsi la même patte (qui a dit Le Monde Perdu Jurassic Park ?). A la manière de Reincarnation du même réalisateur, qui sortira plus tard, le film se met presque en abîme en choisissant pour héroïne une actrice de cinéma d’horreur en plein tournage. Cette fois, ce sera peut-être un peu trop pour elle car elle va croiser le chemin d’une Kayako au meilleur de sa forme (depuis Ju-On 2 en tout cas) et d’un Toshio tout de même un peu plus discret que d’habitude. Une particularité de la saga qui est présente dès le premier opus et que j’ai attendu celui-ci pour évoquer, est le côté intemporel de la malédiction, où le futur, le présent, et le passé se rencontrent parfois, se croisent, s’entremêlent.
A mes yeux (et c’est donc totalement subjectif) c’est dans ce volet que cet aspect est le mieux traité. Si dans le premier Ju On The Grudge un père de famille assiste aux calvaires de sa future fille alors que ceux-ci n’auront lieu que des années plus tard, après la mort du père, ici un couple entend tous les soirs à la même heure le bruit causé par leurs propres cadavres, alors qu’ils finiront pendus plusieurs jours plus tard. Un thème qui semble beaucoup intéressé Takashi Shimizu (pas seulement dans la saga Ju-On mais dans d’autres oeuvres de sa filmographie). Un thème, aussi, qui ajoute un peu de confusion à une narration déjà volontairement décousue, mais qui n’est pas anodin car il souligne le côté immuable, inarrêtable de la malédiction, comme si tout était déjà écrit à l’avance et qu’elle était intemporelle.
Ayant beaucoup apprécié cet opus, mais ne sachant où le mettre par rapport à son précédecesseur, j’ai été surpris de constater via internet qu’un certain nombre de fans de la saga le considéraient comme le meilleur; le plus efficace. Et il faut dire qu’il a de très bons arguments à faire valoir avec ses apparitions fantômatiques et ses moments franchement émouvants, ainsi que son rythme soutenu qui le rapprocherait presque d’un slasher (je dis bien presque !). Pour ma part, je n’irai pas jusque là, mais je lui offre un statut d’ex aequo avec Ju On The Grudge.                         

    On arrive au moment où cette saga procède à son expension et entreprend son périlleux voyage hors des frontières nippones, prenant le large, renversant toutes les barrières, prête à conquérir de nouveaux territoires.
Pour cela, il aura fallu que Sam Raimi (père de Evil Dead et de la saga Spiderman avec Tobey Mcguire) tombe sur le film Ju-On The Grudge dans un festival aux Etats-Unis (probablement destinés à promouvoir la diversité culturel en projetant des films japonais afin de les faire découvrir aux Américains). Tombant sous le charme de cette approche inédite de l’horreur, et probablement motivé par le succès qu’a eu le médiocre remake US de Ringu (The Ring avec Naomi Watts), il produit le remake de ce film qui sera à nouveau réalisé par Takashi Shimizu et toujours avec Takako Fuji. Une délocalisation qui nous donne The Grudge, sorti en 2004 et qui est encore aujourd’hui le film le plus connu de cette saga à l’échelle mondiale. Cette fois, on peut bien parler de remake et non pas de suite : le film nous raconte à nouveau l’histoire des Saeki, refait des scènes empruntées aux trois précédents films (dont certaines issues du premier téléfilm qui avaient pris un coup de vieux niveau effets spéciaux et retrouvent leurs lettres de noblesse ici, je pense notamment à une scène de mâchoire arrachée). Bien malins, le producteur, le scénariste et le réalisateur décident que le film traitera d’américains venant d’emménager au Japon, qui font ainsi face à la peur de ne pas être dans un environnement familier, d’être entourés d’une culture qu’ils ne connaissent pas où la mort a une place différente. Bref, la peur de l’Inconnu si chère à Lovecraft, qui est ici à son comble. Les personnages font face à une situation qui les dépassent et qu’ils ne peuvent pas totalement comprendre.                                                                                     
Le rôle principal est ici attribué à Sarah Michelle Gellar, alors très appréciée du public grâce notamment à Buffy contre les vampires. Sans être exceptionnelle, sa prestation est convaincante et on se souvient d’elle encore aujourd’hui en repensant au film. Pour la première fois, celui-ci abandonne le découpage explicite en vignettes, mais conserve une narration non linéaire qui peut dérouter les non-initiés. Abandonnant l’éclairage réaliste, la photographie devient ici grise et très terne, un changement que je trouve bienvenu. En fait, une fois n’est pas coutume, j’aime beaucoup ce remake américain. Le talent de Shimizu et Fuji sont toujours là pour assurer au film son ambiance si particulière, les scènes marquantes ont été remakées avec intelligence (la scène du lit ! De la caméra de surveillance !) et quelques nouveautés sont bien sympathiques. Le film ne commet pas l’erreur de l’horreur américaine de tout expliquer (principale différence avec le cinéma d’épouvante asiatique), mais laisse planer une certaine aura de mystère tout en étant un peu plus explicite que ses ainées concernant la backstory des spectres. Vous vous demandiez d’où vient ce bruit de gorge ? Vous aurez la réponse dans la version longue non censurée…
Bon, objectivement (si objectivité il y a quand on parle d’une oeuvre), le film n’est pas aussi bon que les originaux, mais il reste une réussite à mes yeux, surtout que je n’ai pas vraiment été réceptif à The Ring ni à sa suite (pourtant réalisée par Hideo Nakata !), et que je n’arrive même pas à me décider à voir le remake américain du chef d’oeuvre qu’est Dark Water, également de Nakata (l’original, pas le remake).
Ajoutons aussi que Mme Fuji livre ici ce qui est peut-être sa performance la plus terrifiante en tant que Kayako.

    Ce remake aura droit à une suite, en 2006, The Grudge 2, avec les mêmes personnes aux commandes et comment dire… Ça commence à s’essoufler un peu à partir de là. Les scènes prises individuellement, fonctionnent parfaitement bien et, si elles piochent toujours ici et là des idées des quatre films japonais pour les réintégrer différemment, le film parvient à se renouveller avec des moments regorgeant d'inventivité comme la chambre noire ou la scène de l’hôtel. Le postulat du film est plutôt pertinent lui aussi pour un remake US : cette fois la malédiction s’étant jusqu’aux States, ramenée du Japon comme un virus (le titre japonais du film est d’ailleurs “Ju-On: Pandemic”, plutôt approprié). L’idée de nous en révéler plus sur l’enfance de Kayako, assez critiquée par les fans, est un parti pris que je salue car elle apporte son lot de nouveautés à une saga qui en est déjà à son 6e long métrage mine de rien. Le film sait se limiter à ce qu’il faut pour ne pas trop démystifier la Yurei, et renforce son côté tragique. Enfin, le réalisateur a visiblement appris de sa première expérience sur un tournage aux Etats-Unis, et ça se ressent sur le plan technique avec une réalisation qui semble plus aisée, plus maîtrisée, comment dirais-je, plus fluide.
Là où le bas blesse, c’est surtout dans la structure narrative, qui cette fois devient réellement confuse et plutôt maladroite avec ce montage parallèle entre les évènements au Japon et ceux aux Etats-Unis (idée bonne sur le papier, cela dit). Ajoutons à cela des personnages assez creux, victimes d’une américanisation qui cette fois-ci, devient néfaste (contrairement au premier opus) et des CGI qui ont bien vieillis alors que la saga s’en était passée jusque là, et on obtient un film globalement moyen. En fait, certains peu réceptifs au genre dirons carrément mauvais, mais en tant que fan à la fois de cette saga et du genre horrifique, j’ai un manque d’objectivité qui me permet d’être réceptif aux qualités de cet opus et de lui pardonner un certain nombre de défauts.

    Hélas, on ne peut en dire autant de The Grudge 3, suite en direct-to-video, qui pour la première fois se passe de Takashi Shimizu à la réalisation, mais aussi de Takako Fuji dans le rôle de Kayako. Et disons-le...Ça se sent. Ça se sent beaucoup plus qu’un Jurassic Park sans Spielberg à vrai dire (oui, j’ai apprécié JP3 malgré ses nombreux défauts et je le trouve divertissant à défaut d’être magistral). Ici, on est clairement dans un téléfilm d’horreur purement américain de bas étage, qui échoue chaque tentative de faire peur et qui doit en plus se passer de la performance terrifiante de Mme.Fuji, lassée du rôle et ne voyant plus vraiment d’intérêt à revenir en sachant que Mr.Shimizu n’est plus aux commandes. Elle avait exprimé une certaine fatigue à l’époque de l’opus précédent, après toutes ses années, et ne pensait reprendre le rôle que si Mr.Shimizu le lui demandait. De son côté, ce dernier a toujours dit qu’un Ju-On sous sa direction aurait toujours Takako Fuji dans le rôle de Kayako et qu’un film Ju-On sans elle (comme celui-ci, donc) ne sera jamais un vrai Ju-On pour lui.
Cela m’amène à l’autre raison, évoquée précédemment, qui est à l’origine du succès de cette saga : Takako Fuji. Alors que le fantôme Sadako effraie en dissimulant son visage derrière ses cheveux, Kayako aura marqué son temps en affichant sa face dérangeante, figée dans la mort, la bouche et les yeux grands ouverts prêts à punir sans aucune pitié et de façon impartiale toutes personnes pénétrant la maison du drame. Mais ça ne s’arrête pas là, c’est Mrs Fuji qui aura donné à Kayako sa démarche saccadée, désarticulée et insectoïde quand il s’agit notamment de ramper dans l’escalier, sous le sol ou dans des endroits plus improbables comme sur le plafond d’un grenier, le tout en faisant craquer ses os (merci les effets sonores, pour le coup) et en raclant sa gorge. Pour reprendre les paroles de Mr.Shimizu, la saga n’aurait probablement pas eu un tel succès sans elle et le réalisateur admet que sa performance l’inspire pour chaque opus. Il suffit aussi de regarder quelques interviews pour constater à quel point Mme Fuji apprécie et comprend son personnage.
L’actrice qui la remplace dans cet opus fait certainement de son mieux, mais il faut dire qu’on a plus l’impression d’assister là à une tentative d’imitation pas vraiment convaincante et peu aidée par un maquillage cireux qui fait surtout costume d’Halloween, ainsi qu’une réalisation peu inspirée.

    De retour au Japon, la saga célèbre ses 10 ans avec deux spin-offs sous forme de téléfilms appelés White Ghost et Black Ghost, deux histoires indépendantes et où Kayako n’apparaît pas. Toshio, son fils, fera lui deux caméos assez amusants. Ces deux films ne cassent pas trois pattes à un canard et accusent un budget revu à la baisse mais sont plutôt divertissants et parfois même assez flippants, surtout Black Ghost que j’ai bien plus apprécié. Il est d’ailleurs réalisé par Mari Asato qui réalisera plus tard l’adaptation cinématographique de la saga de jeux vidéo Project Zero.
A recommander surtout aux fans, mais dispensables pour les autres, je dirais. Ces deux longs métrages, malgré un synopsis intéressants, n’ont pas le temps d’exploiter à fond leurs idées et White Ghost rate un peu sa cible selon moi. Mais quand on est amateur de films de fantôme japonais et qu’on est réceptif à ce type de fan service, on apprécie cette petite escursion à l’hôpital et dans la maison des premiers films. Je ne sais pas si ces téléfilms ont eu droit à une VF. Comme pour les deux premiers Ju-On et bien des films japonais je ne les ai trouvés que sur youtube en japonais sous-titré anglais.
Supervisés par Takashi Shimzu, White Ghost et Black Ghost sont les deux derniers opus auxquels il participera.

    Mais les producteurs japonais n’en ont pas fini avec cette franchise qui continue d’avoir du succès. Ainsi, un reboot et sa suite, respectivement intitulés Ju-On The Beginning of the End et Ju-On the Final Curse voient le jour courant 2014. Ils sont confiés à  un habitué du cinéma d’épouvante, Masayuki Ochiai  , à qui l’on devait entre autres le film Parasite Eve et, plus tard, Shutter et Infection.
Pour faire simple c’est….c’est bien mais moins bien. On pouvait s’y attendre, ces deux reboots n’atteignent pas le niveau des originaux, ce qui ne veut pas dire qu’ils n’ont rien pour eux. En fait, je dirais même qu’ils font intelligemment ceux des reboots doivent faire : jouer avec les attentes des habitués de la saga, et même les retourner contre eux pour les surprendre. Des scènes sont reprises directement des moments les plus cultes de la franchise, mais totalement réimaginées, surtout sur la conclusion. Plus généralement, ces deux films ne commettent pas l’erreur de reproduire l’histoire que l’on connaît déjà. Loin d’être un remake, c’est à une réécriture que l’on a à faire ici. L’histoire de Kayako et de Toshio sont réimaginées, les motivations et caractères des personnages sont repensées, et de nouveaux protagonistes apparaissent. Tout cela minimise le risque de déjà vu et de redondance que l’on pouvait craindre. Conscients que l’absence de Takako Fuji en Kayako était un handicap, les scénaristes ont décider de centrer l’histoire du le petit garçon Toshio, sa mère devenant presque un personnage secondaire. En outre, le personnage de Kayako étant très différent, cela ne dérange plus de le voir camper par une nouvelle actrice, et on a ainsi droit à une performance réellement nouvelle et franchement bonne (pour un final plutôt flippant !) au lieu d’une vaine tentative de copie.
Un double-reboot qui ne fera donc pas l’unanimité mais que j’ai accueillit à bras ouvert et accepté pour ce qu’il était.

    Que faire maintenant ? Une énième suite ? Encore un reboot/remake/rererere ? Non, un crossover, bien sûr ! La définition même du fan service qui garantie d’être lucratif même quand le film est mauvais. Freddy et Jason y ont eu droit, tout comme Alien et Predator, Batman et Superman…
Pourtant, ça ne va pas forcément de soi. L’existence du film Sadako vs Kayako trouve son origine dans un teaser diffusé au Japon qui se voulait être un poisson d’Avril. Le problème, c’est que cette éventualité a engendré une telle hype que les producteurs se sont dit qu’il y avait surement quelque chose à faire… Ainsi, un film entre en chantier, accompagné d’une impressionnante campagne marketing usant de tous les réseaux sociaux (on est en 2016, donc surtout Facebook, Instagram et Twitter). Sadako et Kayako ont leurs propres comptes twitter, leurs propres profils instagram, des votes et sondages sont organisées pour demander aux fans qui ils préfèrent. Des goodies défèrlent (t-shirt, peluche, et même une collaboration avec Hello Kitty, paraît-il…). Le film en lui-même est confié encore une fois à un grand nom du cinéma d’horreur japonais,  Kōji Shiraishi (Ju-Rei, Noroi the Curse, Carved, Grotesque,…).
Au niveau du résultat...eh bien on ne peut pas reprocher au film de n’être qu’une surenchère de bastons comme sont parfois considérés les crossovers. Car à ce niveau-là, le film est en dessous des attentes. Un combat d’à peine un quart d’heure survenant à la toute fin du film, sur fond de cri de terreurs de jeunes filles. Rien de bien “épique”, et il faut avouer que ce n’était pas gagné de toutes façons. Ces deux personnages, à la base bien trop similaires car inspirés de la même imagerie picturale et des mêmes codes du genre, n’ont pas été pensés pour des combats et ça se ressent un peu durant le film. Après, on ne fait pas la fine bouche, on comprend, on joue le jeu. J’ai toujours considéré que les crossovers devaient se regarder avec un oeil différent des films “classiques”, avec des critères différents, une certaine légèreté voire une certaine indulgence car de base ils ne sont là que pour faire du fan service. On peut rarement s’attendre à un bon film en soit. Ici, ironiquement, c’est l’aspect crossover qui déçoit un peu, tandis que Sadako vs Kayako tient plutôt bien la route en tant que film. Toute la tension construite pendant l’heure qui précède la rencontre fonctionne bien, avec respectivement des scènes impliquant les Yureis qui arrivent à créer un petit frisson. On se prend au jeu devant les enjeux du films, car pour le coup il y a un véritable espoir pour les personnages, une véritable solution envisagée même après avoir visionné la cassette maudite et pénétré dans la maison. On pardonnera (ou pas) ainsi des scènes un peu tirées par les cheveux (!) voire assez stupides comme la pendaison à une poignée de porte…
Niveau personnages, l’intérêt vient surtout de l’introduction d’un duo d’improbables “chasseurs de fantômes” qu’on n’avait pas vus venir : un obscure magicien qui fait des trucs avec ses mains et une enfant non-voyante habillée en rouge qui l’accompagne. On ne sait pas d’où ils sortent, comment ils en savent tant sur Sadako et Kayako (on a presque l’impression qu’ils viennent de notre monde et qu’ils ont simplement vu les films) et le sarcasme avec lequel ils abordent la situation passe plutôt bien. En fait, je dirais presque qu’ils sont le principal intérêt du film, l’élément qu’on n’avait pas vu venir. Leur présence décalée permet au film de ne pas trop se prendre au sérieux, ce qui est selon moi ce qu’il fallait faire pour un crossover. A noter que Kayako est ici campée par une nouvelle actrice qui s’en sort ma foi plutôt bien, et que la cassette maudite de Ringu est différente de celle avec laquelle on était habitué (les règles changent aussi, une semaine devenant ici deux jours). Une diffusion de la cassette sur internet est abordée, ce qui est plutôt intéressant mais malheureusement ne va pas bien loin.


    Après tout ça, on pénètre en terres moins connues pour moi, avec un nouveau remake US de 2020, sobrement intitulé The Grudge (ou est-ce une suite ?) et dont les retours unaninement négatifs m’ont carrément dissuadé le visionnage. Je ne pense pas que je m’y serais intéressé dans tous les cas… Cette année aussi, une série Netflix intitulée Ju On Origins aura titillé ma curiosité pendant un temps, mais j’ai abandonné au bout de quelques épisodes, déçu. On dirait que même son pays d’origine n’aura pas réussi à honorer le blason de cette franchise (ou suis-je simplement un blasé de la nostalgie ? Peut-être aussi…). Toujours côté film on mentionnera un obscure film chinois nommé Sadako Wars: Bixian vs Kayako que je n’ai pas vu et qui fait partie d’une toute aussi obscure saga “alternative”. Enfin, Toshio sera parodié dans Scary Movie 4.

    D’autres déclinaisons sur lesquels je n’ai pas mis la main ont vu le jour : mangas, novélisations des films, un jeu vidéo sur la Wii, une mini-série de 4 court-métrages intitulés Tales from the Grudge pour promouvoir The Grudge 2 (bon ça j’ai vu et c’était bof bof), et j’en passe.

Voilà donc une saga que j’apprécie énormément et qui aura grandement contribué à mon amour pour la J-horror et le cinéma d’épouvante asiatique en général (car la Corée, la Chine et la Thaïlande ont su également apporté leur pière à l’édifice, bien que je n’aie pas encore exploré le cinéma thaïlandais). Si d’autres films rivalisent avec cette franchise, comme Carved (Tsuchisake-ona), Marebito, 2 soeurs, ou Rigor Mortis, je ne peux cacher mon enthousiasme tout particulier envers celle-ci en tant qu’amateur de cinéma d’épouvante en général.


barba  grant  malcolm  mad

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#2 26-12-2020 12:37:38

tyeo30
Mosasaurus badass
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Re : Franchise Ju-On

Trop long. Désolé.


Winter is coming.

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#3 26-12-2020 18:25:22

Zizizaurus
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Re : Franchise Ju-On

Aucun soucis. smile


barba  grant  malcolm  mad

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